Mar 21 Nov 2017 - 20:19

Le corps a gardé l’empreinte d’un traumatisme.

Le corps se calme, pendant des années, avec les thérapies, les médications, puis il a des réminiscences.

Une nuit, les ombres reviennent, les voix reviennent et avec elles ce sentiment de persécution “tous en ont après moi”. 
L’empreinte est toujours là. La couche protectrice s’est effritée, elle est à réparer.

Le corps est envahi par la pesanteur, le corps se soulève à l’intérieur, comme s’il avait raté la marche d’un escalier, comme s’il s’enfonçait sans plus poser pied. La poitrine bat toute entière.
On respire, on visualise cette angoisse dans ses poumons, on la souffle de toutes ses forces. Une fois, puis vingt fois. 

Certaines nuits, on suffoque, on transpire, la peur agite le ventre. Les mots reviennent et cognent contre la tempe. Il faut prendre des somnifères, des calmants, ou s’oublier dans la fiction.

Il était difficile d’en guérir quand j’avais peur. 
J’ai coupé mes cheveux très courts, je m’habille différemment, j’ai arrêté le nu artistique et les sorties du soir. J’ai supprimé la moindre de mes photos publiques.
Je ne subis plus d’agressions depuis (il reste encore les mots des ignorants, des inconscients, mais ces derniers ont perdu en poids à force d’être entendus). 

Depuis mon agression, mon homme m’a rejointe, il m’accompagne lors de mes trajets, vient me chercher le soir, tard. J’ai honte, je me sens enfant, mais la peur a diminué.
Les gens ouvrent leurs yeux, un peu leurs oreilles, ma voix a gagné en poids avec l’actualité.